Résumé
Les résultats géologiques fournis par les forages pétroliers Faucigny 1 (FAYJ, Esso-Rep, 1969-1970), Brizon 1 (BZN1, Eurafrep, 1987) et La Balmel (LBL1, Coparex, 1991) permettent de mieux comprendre la relation entre la plate-forme jurassienne (Jura méridional, Salève) et le bassin delphino-helvétique (massif des Bornes, chaîne des Aravis) ainsi que leur évolution entre le Jurassique supérieur et l'Oligocène. L'objectif de cette note est de décrire la série stratigraphique traversée par le forage LBL1 et d'établir une comparaison avec les données provenant des deux autres forages effectués dans la région et décrits dans un travail antérieur (Charollais et Jamet, 1990). Le forage LBL1, implanté dans la vallée de l'Arve au sud-est de Bonneville, présente une série stratigraphique qui se distingue de celle observée dans le massif des Bornes par trois aspects : la présence de faciès littoraux (voire émersifs) situés vers la limite Kimméridgien/Tithonique et directement surmontés par des formations hémipélagiques à pélagiques riches en calpionelles (= "barre tithonique" des auteurs). la préservation des "Grès verts" du Crétacé moyen et des "Calcaires subiithographiques" du Turonien ; ces formations ont en effet été épargnées par l'érosion ante-Eocène. la présence d'une série tertiaire réduite et exempte, à la base, des "Calcaires à petites nummulites" de l'Eocène supérieur. La comparaison des séries stratigraphiques observées dans les puits FAY1, LBL1 et BZN1 montre que la bordure orientale de la plate-forme jurassienne a progradé dès l'Hauterivien supérieur sur plus de 20 km en direction du sud-est. Cette accrétion latérale a entrainé une uniformisation progressive des faciès. La variabilité latérale des séries sédimentaires tertiaires, traditionnellement imputée à un système de failles anté-éocènes peut s'expliquer plus simplement par le développement de vallées incisées au cours de la longue période d'émersion qui affecte cette portion de la marge téthysienne entre le Crétacé supérieur et le Paléocène.
Abstract
Well LBL1 (Coparex), located in the Arve valley near Bonneville (Haute-Savoie Dept.) in front of subalpine thrust units (fig. 1) intersects a thick Oligocene shaly series and a well-developed carbonate series ranging from Turonian to Upper Kimmeridgian. This paper describes the stratigraphic units encounter1 [Esso-Rep], BZN1 [Eurafrep] and with surrounding outcrops. The succession intersected by LBL1 is characterized by deep-water deposits (saccocomid and calpionellid mudstone, planktonic foraminiferal mudstone, fig. 3, 4), except for the Urgonian facies and a very short interval in the Upper Kimmeridgian. This contrasts with the time-equivalent succession intersected by well FAY1, 8 km to the northwest, where shallow-water deposits are dominant (fig. 10) and similar to those encounte red in the Jura mountains. Well LBL1 reveals three interesting features: The presence of an interval of littoral sediments interrupting a thick series of deep-sea deposits in the Upper Kimmeridgian; this interval, which has been cored, is characterized by a shallowing-upward sequence composed of cross bedded lithoclastic/oncolitic grainstone overlain by laminated dolomitic mudstone containing anhydrite pseudomorphs (figs. 5, 6, 7, 9). This sequence is interpreted as the proximal part of a lowstand wedge and is correlated with a time equivalent emergent surface reported by Fookes (1995) in the Jura mountains between the Eudoxus and Gravesia ammonite zones (fig. 8). The preservation of Middle Cretaceous formations, which were eroded in the surrounding area during the Early Tertiary emergence. The absence of classic nummulitic limestone. Stratigraphic data from the three wells has helped provide a better understanding of the evolution of the southeastern Jura marginfrom the Late Jurassic to the Oligocene. Comparison between the stratigraphic records from the three wells and from the surrounding outcrops shows that the margin of the Jura platform has, migrated several tens of kilometres southwards since the Late Hauterivian (fig. 11). The high spatial variability of the Tertiary sedimentary record is usually believed to be the result of tectonic activity. New data, howeve, suggest that it is caused rather by an unveven topography originating from the development of incised valleys during the pre-Eocene emergence.
Dernière mise à jour le 28.07.2015