Creusement et remplissage de la vallée de l’Isère au Quaternaire récent. Apports nouveaux du forage GMB1 (1999) dans la région de Grenoble (France)

Glacial erosion and infelling of the Isère valley during the recent Quaternary. New results from borehole GMB1 in the Grenoble area (France)
Auteurs: 
G. Nicoud, G. Royer, J.C. Corbin, F. Lemeille, A. Paillet
Année: 
2002
Numéro revue: 
4
Numéro article: 
3

Résumé

Afin d’étalonner les caractéristiques géophysiques des sédiments comblant la vallée de l’Isère dans la région de Grenoble, IPSN a décidé de traverser la totalité de la série alluviale par forage destructif. Le choix du site GMB1 résulte d’un compromis entre le financement possible et la profondeur minimale du substratum proposée par le géophysicien M. Vallon (1999). D’une longueur totale de 564 m, le forage a traversé 535 m de sédiments meubles comprenant 15 m d’alluvions fluviatiles sablo-graveleuses emboîtées dans 516 m d’une monotone série lacustre sablo-silto-argileuse reposant sur 4 m d’un till de base. De petits galets noyés dans la matrice sablo-argileuse des 80 m inférieurs traduisent un environnement glacio-lacustre. Le substratum, recoupé en carottage sur 29 m, correspond aux calcaires marneux, riches en filonnets de calcite, du Bajocien inférieur. Une telle séquence hectométrique témoigne de l’importance des lacs d’ombilics qui ont résulté de chacune des glaciations majeures, ici la dernière d’âge würmien, dans les vallées alpines. Parallèlement, la monotonie de la sédimentation lacustre écarte toute idée de récurrence glaciaire notable dans la région de Grenoble après le maximum d’extension glaciaire würmienne. Replacés dans le contexte régional, les résultats du forage GMB1 confirment : - la profonde incision würmienne dans les sédiments de l’auge glaciaire rissienne et le substratum rocheux. La puissance du dernier glacier vers Grenoble a dépassé 1 000 m ; - la dynamique lacustre qui a contrôlé le comblement de l’ombilic, avec ici exclusivement des apports distaux isérois ; - une dynamique fluviale qui ne s’est exprimée que tardivement par une chenalisation installée dans le creusement lié au Bölling très chaud (12 000 BP). Des bois dans une terrasse de kame, latérale au glacier, dans un petit lac d’altitude 245 m au Crey, à l’est immédiat de Grenoble, avaient fourni des âges autour de 26 500 + - 2 650 1 800 BP. Cet indice permet de considérer que la sédimentation de la vallée de Grenoble avait débuté antérieurement et que le maximum d’extension du glacier würmien de l’Isère est encore plus ancien.

Mots clés : Coupe sondage, Sédiment lacustre, Wurm, Paléogéographie, Déglaciation, Isère, Vallée Isère.

Abstract

In order to determine the geophysical characteristics of the sedimentary fill of the Isère valley in the Grenoble area, IPSN decided to penetrate the complete alluvial sequence with a non-cored borehole. The choice of drilling site GMB1 was the result of a compromise between the available funding and the minimum depth to the Mesozoic basement, as determined by geophysical methods (Vallon, 1999). This was the second time that the axial fill of an Alpine valley had been penetrated by a deep borehole. The 564-m-long borehole intersected 535 m of soft sediments, including 15 m of sandy–pebbly fluviatile alluvium cutting into the top of a 516-m-thick monotonous, sandy-silty lacustrine clay formation, which in turn rests on 4 m of basal till with small pebbles. Fine gravel floating in the silty-clayey matrix of the lowermost 80 m indicates a glacio-lacustrine environment. The basement, which was cored for 29 m, is a marly limestone, rich in calcite-veins, of the Early Bajocian. Such a thick sequence demonstrates the importance of the umbilical lakes that were created during each major glacial period, in this instance the last Würmian age, in Alpine valleys. Similarly, the monotony of the lacustrine deposits excludes the possibility of any significant glacial recurrence in the Grenoble area after the maximum extent of the Würmian. Placed in a regional context, the results of borehole GMB1 confirm: - the deep Würmian incision into the sediments of the Rissian glacial valley and into the rocky basement; the last glacier in the Grenoble area was at least 1000 m thick; - the lacustrine dynamics that controlled the infilling of the umbilical lake with, in this case, only distal deposits from the Isère region; - a late fluviatile dynamics that is expressed by channelling in a depression formed during the very warm Bölling period (12,000 bp). Pieces of wood from a lateral kame terrace in a small lake 245 m a.s.l. at Crey (immediately east of Grenoble) have yielded ages in the region of 26,500 +- 2 650 1 800 bp. This evidence raises the possibility that sedimentation in the Grenoble valley may have begun before that time and that the maximum of extent of the Isère Würmian glacier may have occurred much earlier.

Key-words: Borehole sections, Lake sediments, Wurm, Paleogeography, Deglaciation, Isère France, Isère Valley.

Dernière mise à jour le 02.07.2015